Le dragon et son symbolisme : quelle signification spirituelle et alchimique ? Comment interpréter le dragon ? Quel sens caché ?
Le dragon est une créature légendaire que l’on retrouve dans beaucoup de cultures et de traditions spirituelles et ésotériques, aussi bien en Occident qu’en Orient.
Le dragon est d’abord un reptile « augmenté », doté d’ailes, de pattes et de griffes, ce qui peut faire penser aux dinosaures. Mais assez souvent, le dragon est composé de membres provenant d’autres animaux (chiens, cervidés, tigres, aigles…) comme pour montrer qu’il porte en lui toutes les forces de la Nature.
Inspirant la terreur, le dragon est un monstre aux pouvoirs étendus qui règne sur tous les éléments :
- la terre (monde des reptiles… et des hommes),
- l’eau (les dragons naissent dans l’eau, qui peut symboliser l’âme),
- l’air (le dragon vole, il maîtrise le Ciel),
- le feu (les flammes qu’il crache évoquent un pouvoir supérieur, de nature divine).
La signification du dragon varie d’une civilisation à l’autre : symbole de vie et de puissance en Chine, monstre démoniaque à terrasser dans la mythologie celtique et nordique ainsi que dans l’Europe médiévale, il peut être bénéfique ou maléfique, protecteur ou despote.
Dans la mythologie grecque, le dragon est presque toujours le gardien d’un trésor ou d’un lieu sacré : il doit être vaincu pour y avoir accès. On devine que ce trésor est celui de la sagesse et de l’immortalité.
En alchimie, le dragon représente le chaos-monde qui contient un certain potentiel d’ordre ; le dragon est alors le symbole de l’énergie primordiale.
Remarque : Le mot « dragon » vient de l’indo-européen repris par le grec drakon et le latin draco (« voir clair », « regard perçant »).
Entrons dans le symbolisme du dragon et sa signification spirituelle.
Le dragon et son symbolisme spirituel
Les dragons sont les héritiers des créatures chthoniennes des mythologies indo-européennes, lesquelles présentaient le plus souvent les traits de serpents monstrueux : Apophis (Egypte), Python (Grèce), Kaliya (Inde)…
On retrouve le dragon dans de nombreux mythes et légendes :
- dans la mythologie grecque, Ladon est le dragon à cent têtes qui garde les pommes d’or du jardin des nymphes Hespérides. On le retrouve dans le onzième des travaux d’Hercule,
- toujours dans la mythologie grecque, le dragon de Colchide garde la Toison d’or : Jason doit le tuer pour subtiliser la Toison, sorte de talisman solaire et héroïque. Notons que ce dragon est le frère de Cerbère (qui garde la porte des Enfers), du Sphinx (qui ravage et soumet Thèbes), de la Chimère (créature à queue de serpent qui ravage la province de Lycie) et de l’Hydre de Lerne (monstre reptilien qu’Hercule doit vaincre lors du second de ses Douze travaux),
- dans le christianisme, le dragon est le symbole du mal et du diable : il est associé à la Bête de l’Apocalypse, terrassée par le Messie,
- les légendes chrétiennes du Moyen-Age décrivent de nombreux saints combattant des dragons : c’est le cas de Saint-Michel ou de Saint-Georges, saint patron des chevaliers, qui tue le dragon avec sa lance « Ascalon », symbolisant la victoire du bien sur le mal,
- en Asie (notamment en Chine), le dragon est plus fin et plus long qu’en Occident ; il est barbu, rarement ailé mais se déplace facilement dans l’espace. Les dragons représentent la puissance de la nature, du climat et des éléments, ou encore les cycles de la végétation. Ils symbolisent une forme de pouvoir qui peut être dangereux mais pas forcément négatif. Ils font l’objet d’un culte et sont régulièrement associés au pouvoir de l’empereur et à l’immortalité. Leur chiffre fétiche est le 9, qui a valeur positive. Le dragon peut aussi être messager des dieux ou gardien des richesses terrestres (voir plus bas),
- en Amérique, le Quetzalcoalt est le serpent à plumes, dieu de la végétation, de la terre et de l’eau : son pouvoir rappelle celui des dragons asiatiques.
Au final, le symbolisme du dragon renvoie principalement aux éléments suivants :
- le pouvoir céleste,
- les forces naturelles : l’énergie brute à maîtriser,
- les cycles et le pouvoir de métamorphose,
- le mystère, le caché, l’obscurité,
- la colère,
- le mal (approche chrétienne),
- l’ignorance ou au contraire la connaissance,
- l’épreuve : le dragon doit être combattu pour rétablir l’ordre sur le monde,
- l’héroïsme : vaincre le dragon, ou le monter comme un cheval, c’est devenir un héros, c’est accéder aux mystères de la vie et de l’immortalité, c’est devenir sage,
- le combat et la guerre : le dragon est présent sur de nombreux blasons et emblèmes militaires,
- la dualité : assez souvent, les dragons vont par deux, se tournant autour, s’entredévorant, symbolisant le positif et le négatif, ou encore le yin et le yang qui s’entremêlent.
La perle du dragon et son symbolisme
En Chine, le dragon cache une perle sous les replis de son goitre. Cette perle symbolise l’étendue de son pouvoir. Celui qui aura la chance de la récupérer connaîtra le bonheur, la plénitude et la sagesse : il aura accès à la connaissance des choses supérieures.
Notons que la « perle du dragon » désigne aussi la sagesse de l’empereur et la perfection de ses actes.
Différents types de dragons
Le dragon est souvent rouge ou vert, plus rarement noir ou bleu foncé. Selon les différentes légendes, son sang peut être noir, jaune, rouge ou encore vert.
Voici quelques types de dragons célèbres :
- l’aspic : petit dragon mortel,
- le basilic : serpent au venin mortel, ou dragon à tête de coq, il est le « roi des serpents »,
- le cocatrix : sorte de dragon à tête de coq, avec des ailes de chauve-souris et un corps de serpent,
- le dracosilic : issu d’un basilic et d’un dragon,
- le bahamut : dragon ailé de la mythologie arabe,
- etc.
Au Japon, on distingue habituellement 4 espèces de dragons : céleste, pluviale, souterraine et terrestre-aquatique.
De même, en Chine, on trouve :
- le dragon « céleste », protecteur du Ciel et des dieux, symbole d’éveil,
- le dragon « spirituel », qui fait tomber la pluie et fertilise la terre,
- le dragon « terrestre », qui règne sur les cours d’eau,
- le dragon « gardien des trésors », qui veille sur les métaux et pierres précieuses interdites aux hommes.
Le dragon : un symbole alchimique
En alchimie, le dragon (ou « Basilic philosophique ») a une signification équivalente à celle de l’ouroboros, le dieu-serpent qui se mange lui-même.
Les deux dragons qui se tournent autour représentent les forces issues d’Un-le-Tout, à savoir le Soleil et la Lune, l’actif et le passif, l’ordonné et le chaotique, le fixe et le volatil. Nous avons là la neutralisation des tendances adverses (le soufre et le mercure alchimiques) dans l’unité cosmique.
Le dragon est donc le Principe créateur, qui englobe en lui-même les forces positives et les forces négatives auto-destructrices. Il fait le lien autant avec l’esprit qu’avec la matière : il est le Verbe, le principe actif, évolutif, inscrit dans le monde manifesté. Il est la dualité dans l’unité.
Déchainé, le dragon représente la Nature qui se dévore elle-même, qui convoite et qui désire. Mais régulé, harmonisé par lui-même ou son double, le dragon exprime l’harmonie cosmique et l’équilibre.
Ainsi, le dragon est à la fois conscience et inconscience, clé de connaissance et obstacle à la connaissance. Le dragon est la matière-même de l’oeuvre alchimique.
La symbolique du dragon en psychanalyse
En psychologie, le dragon peut renvoyer au côté ténébreux et négatif du psychisme humain, incluant les instincts, la peur, la haine et l’égoïsme. Cet inconscient doit être vaincu par un effort héroïque de connaissance de soi.
En réalité, les dragons sont en nous : les connaître et les reconnaître, c’est déjà les dompter et en faire des alliés puissants.
Lire aussi notre article sur le symbolisme du serpent
Pour aller plus loin :
Qu’est-ce que la spiritualité ? Quel est le but à atteindre ? En quoi consiste la méthode spirituelle ? Quel lien avec la philosophie ?
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Modif. le 20 avril 2024