Quelle est la différence entre ego, égoïsme, égocentrisme et égotisme ? Que sont l’orgueil, l’estime de soi, la fierté et le narcissisme ? Définitions psychologiques.
Il n’est pas toujours facile de distinguer l’ego de l’égoïsme, de l’égocentrisme ou de l’égotisme, ces termes étant souvent pris pour synonymes.
Ils révèlent pourtant des différences dans le rapport à soi, allant de la normalité à la névrose la plus sévère.
En philosophie et en psychologie, le moi est ce qui nous permet de dire “je” et d’exister en tant que sujet : c’est la naissance et la conscience de notre être, autrement dit notre ego.
L’ego fonde le rapport à nous-même et aux autres. Mais ce rapport est parfois déformé, ce qui donne lieu à des problèmes et des souffrances.
Tentons de définir ces termes.
La différence entre ego, égoïsme et égocentrisme.
Le point de départ des définitions qui suivent est l’ego. Commençons donc par donner une définition de l’ego.
L’ego.
En philosophie, l’ego (du latin ego : « je », « moi ») est le sujet pensant.
En psychologie, l’ego est le « moi », c’est-à-dire la personne telle qu’elle se voit, ce qui correspond à sa personnalité.
Pour Freud, l’ego est le mécanisme de conciliation des attentes psychiques contradictoires de l’individu :
- le ça : pulsions profondes, inconscientes et difficiles à maîtriser,
- et le surmoi : morale personnelle, loi apprise et intériorisée, gendarme intérieur qui refrène les instincts afin de pouvoir vivre en société.
Indispensable, l’ego cherche constamment la solution la plus acceptable socialement. L’ego nous permet de vivre avec les autres, sans se laisser écraser par eux, sans avoir à se montrer supérieur.
Lire aussi notre article : Le ça, le moi et le surmoi de Freud.
L’ego est la source de l’estime de soi, de l’amour-propre et de la fierté, mais aussi de la culpabilité et de la jalousie. Ces sentiments sont normaux s’ils restent mesurés.
Mais dans certains cas, l’ego peut développer une tendance anormale à l’égocentrisme ou à l’égoïsme, qui sont donc autant de déformations du moi.
Lire aussi notre article : l’ego et son fonctionnement.
L’égocentrisme.
En psychologie, l’égocentrisme est une déformation du rapport entre le sujet et le monde.
L’égocentrisme mène à se considérer comme le centre du monde, mais à travers le jugement des autres. C’est croire que l’on est la première préoccupation des autres.
Cela se traduit par :
- une grande importance accordée au regard des autres,
- une difficulté à s’identifier auprès des autres (source de questionnement, de complexes…),
- un déficit d’amour-propre et un manque de confiance en soi.
Par conséquent, l’égocentrique ne s’aime pas par lui-même, mais à travers le regard des autres. Il peut aussi avoir l’impression de jouer un rôle important dans la vie des autres, positif ou négatif.
A la différence de l’égoïste, l’égocentrique se soucie donc beaucoup des autres, non pas par altruisme, mais par désir de savoir comment il est jugé et regardé.
A noter que l’égocentrisme est un stade normal du développement de l’enfant.
L’égoïsme.
L’égoïsme est une tendance à privilégier son existence et son intérêt personnel par rapport aux autres. C’est une considération quasi-exclusive pour sa propre personne.
L’autre est relégué au second rang : l’égoïste le perçoit comme un être sans importance, ou bien comme un individu méprisable ou encore comme un rival à soumettre.
L’égoïsme peut mener à l’isolement et à la souffrance, notamment quand le sujet se rend compte qu’il ne peut pas toujours se passer des autres.
S’il se traduit par un sentiment de supériorité, l’égoïsme touche à l’orgueil.
L’égoïsme peut être dû par exemple à un instinct de conservation sur-développé.
Le narcissisme.
Dans la mythologie grecque, Narcisse voit son reflet dans l’eau et en tombe amoureux. Après de longs jours à se contempler et à désespérer de ne pouvoir attraper son image, il finit par mourir.
Le narcissisme est l’admiration de soi-même. Il touche donc à la relation entre le « moi » et son image. C’est un amour démesuré pour son propre reflet, se traduisant par une tendance à se survaloriser et à dévaloriser l’autre.
En psychanalyse, le narcissisme est lié à la perception de soi-même comme un objet sexuel duquel on retire du plaisir : c’est une perversion.
Lire aussi notre article sur le symbolisme du miroir.
L’égotisme.
Terme employé par Stendhal (cf Souvenirs d’égotisme), l’égotisme est la tendance à s’analyser, à faire référence à soi-même et à sa personnalité dans le discours et les écrits littéraires.
C’est la volonté d’explorer sa propre personne et de se connaître, sans forcément sombrer dans l’égoïsme ou le narcissisme.
Illustration par un schéma.
Le schéma suivant illustre la différence entre ego, égoïsme, égocentrisme et narcissisme :
Dimension spirituelle.
Sur le plan spirituel, l’ego est souvent vu comme ce qui empêche d’accéder à son vrai « Soi », c’est-à-dire à son être véritable, universel, inconditionné et illimité.
Le Soi dépasse notre personnalité : il est ce qu’il y a de commun à tous les êtres vivants, ce qui nous inclut dans le Tout, ce qui nous met à égalité parfaite avec les autres.
L’ego, avec ses postures, ses mécanismes de défense et ses dérives nous éloignerait donc de notre nature authentique.
Pourtant, il est impossible de tuer son ego, sous peine de mourir socialement. Mieux vaut alors essayer de l’analyser et de le comprendre : la connaissance de soi est le chemin de la libération.
Pour continuer la réflexion, lire :
- Faut-il se libérer de son ego ?
- La différence entre le “moi” et le “soi”
- La connaissance de soi rend libre : schéma
Pour aller plus loin :
Qu’est-ce que la spiritualité ? Quel est le but à atteindre ? En quoi consiste la méthode spirituelle ? Quel lien avec la philosophie ?
Ce livre numérique pdf (216 pages) aborde les notions essentielles de la spiritualité à travers 65 textes parus sur JePense.org
Modif. le 15 juillet 2024