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Le décor de la loge du 14ème degré

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Le décor de loge du 14ème degré : que symbolise-t-il ? Comment interpréter le rouge, les lumières, la Table des pains de proposition, l’autel des Parfums ou la Mer d’airain ?

Le lieu où se réunissent les Grands Élus Parfaits et Sublimes Maçons est la Voûte Sacrée, déjà rencontrée au treizième degré sous une forme légèrement différente.

Alors que le blanc dominait au degré précédent (la pureté du coeur), le Temple est désormais tendu de rouge, orné de nombreuses colonnes couleur feu.

Le rouge peut évoquer :

  • la fureur des Babyloniens qui aboutit à la destruction du Temple,
  • la hardiesse et le sens du sacrifice de Galaad,
  • ou encore la « charité zélée » qui renaît avec le désir de retrouver ce qui a été perdu et de fonder de nouvelles lignées de franc-maçons à travers le monde.

Ainsi, entre destruction et refondation, le décor de la Voûte sacrée au quatorzième degré est pour le moins ambivalent.

Par ailleurs, on retrouve dans les décors de ce degré de nombreux éléments du Temple de Salomon tels que décrits dans l’Ancien Testament : la Mer d’airain, l’Autel des sacrifices, l’Autel des parfums et la Table des pains de proposition. Les éléments alchimiques associés renvoient directement aux épreuves de l’initiation du premier degré : la boucle est bouclée.

Derrière le Trois Fois Puissant Grand Maître, qui représente le roi Salomon, des ruines sont représentées. En outre, des colonnes brisées sont placées devant son plateau.

Ces ruines symbolisent la destruction du Temple. Elles expriment aussi la décadence du roi Salomon, « devenu sourd à la voix de l’Eternel ». La colonne, image de l’homme debout et éveillé, est rompue : Salomon s’éloigne de la sagesse, se livre au vice et à l’idolâtrie, signe d’un désordre intérieur grandissant.

Ces ruines humaines ne concernent pas que Salomon ; elles sont l’image de notre condition future. La vieillesse et la sénilité finiront par nous rattraper et nos efforts seront réduits à néant. Mais il reste un espoir : la transmission. Faire naître des vocations, transmettre la méthode maçonnique, perpétuer la chaine des initiés : tel est l’objectif des Grands Elus, qui fondent leur action sur l’exemplarité et la Vertu.

Cette espérance explique que la loge reste éclairée : au-dessus du Trois Fois Puissant Grand Maître, le triangle lumineux portant le Tétragramme divin projette un éclat suffisamment fort pour illuminer le Temple. Ainsi, le Nom ineffable continue d’éclairer notre chemin.

De plus, de nombreuses étoiles illuminent la loge, rappelant les Menorah d’or présentes dans le Temple de Salomon selon la Bible.

Pas moins de vingt-cinq étoiles illuminent la Voûte sacrée.

Une première étoile est présente sur le plateau Trois Fois Puissant Grand Maître, qui peut représenter l’unité primordiale ou le Principe.

Les vingt-quatre autres étoiles sont réparties comme suit :

  • trois étoiles devant le Second Grand Surveillant,
  • cinq étoiles devant le Premier Grand Surveillant,
  • sept étoiles devant le Grand Orateur,
  • neuf étoiles devant le Trois Fois Puissant Grand Maître,

Ces étoiles correspondent aux différents degrés maçonniques :

  • nous sommes d’éternels apprentis (3 étoiles pour 3 ans) en quête de Connaissance,
  • nous sommes des compagnons (5 étoiles pour 5 ans) au service de nos pairs,
  • nous sommes des maîtres (7 étoiles pour 7 ans et plus) parvenus à la maîtrise de nous-même et à la perfection morale,
  • enfin, les 9 dernières étoiles peuvent représenter la neuvième voûte, les ultimes secrets ou le cycle accompli. L’âge du Grand Elu est de 27 ans accomplis, multiple de 9, ce qui rappelle l’âge du Maître Secret : trois fois 27 ans accomplis.

De manière générale, les étoiles renvoient au symbolisme du feu et de la lumière, évoquant la clairvoyance, l’éveil et le chemin de la Connaissance.

A l’occident, la vasque d’eau placée devant le plateau du Premier Grand Surveillant représente la Mer d’airain, immense bassin circulaire en bronze qui était situé dans la cour du Temple. La Mer d’airain était utilisée par les prêtres pour se purifier avant d’accomplir leurs fonctions rituelles.

La Mer d’airain est une invitation à pénétrer le symbolisme de l’eau, élément alchimique intermédiaire entre la Terre et l’Air, reflet de l’âme qu’il convient de libérer de la prison corporelle pour qu’elle puisse s’élever.

Pour être reçu au quatorzième degré, le récipiendaire doit tremper ses mains dans la Mer d’airain pour accéder « au lieu le plus sacré de la franc-maçonnerie », ce qui rappelle l’épreuve de l’Eau (premier degré) ou l’examen du tablier (troisième degré).

En réalité, le franc-maçon est invité à examiner ses propres pensées, à pénétrer une nouvelle fois son monde intérieur pour le nettoyer de toute éventuelle impureté.

LE TROIS FOIS PUISSANT GRAND MAITRE
S’il en est ainsi, vous irez à la Mer d’Airain laver vos mains afin de prouver que vous n’avez jamais violé aucun des engagements que vous avez contractés.
Au temps du roi Salomon, nos aïeux se soumettaient à la même épreuve lorsqu’ils étaient accusés d’un crime et qu’ils voulaient prouver leur innocence. L’épreuve pouvait aussi démontrer leur culpabilité.

Au pied de l’orient, devant l’autel sur lequel est placé le Volume de la Loi Sacrée, une petite table drapée de rouge représente l’Autel des sacrifices.

Dans l’Ancien Testament, l’Autel des holocaustes, placé sur le parvis du Temple de Salomon, était le lieu où l’on sacrifiait et brûlait les animaux pour obtenir le pardon de Dieu. Les chrétiens y verront la figure du Christ prêt à se sacrifier pour sauver les hommes.

Pour nous francs-maçons, l’Autel des sacrifices rappelle le sacrifice de Galaad et de Maître Hiram, autrement dit le sang versé pour protéger le secret et l’Ordre, pour nous protéger. Jésus, Hiram et Galaad ont traversé le « mur de feu » : ils ont dépassé la peur de mourir par Amour pour les autres.

Par ailleurs, le symbolisme du sang éclaire le lien entre la mort physique et l’entrée dans la Vie véritable, ce qui évoque aussi l’Eucharistie et le thème de la quête du Graal.

L’Autel des parfums est représenté devant le plateau situé au Midi, celui du Grand Secrétaire.

Sur cet autel sont disposés :

  • un brûle-parfum,
  • une petite auge d’argent et une truelle d’or, éléments destinés à accueillir et à manipuler l’encens.

Dans l’Ancien Testament, il est dit que l’encens crée une « odeur agréable à Dieu ». Il représente les prières montantes des hommes vers Dieu. En d’autres termes, les prières et l’adoration qui proviennent d’un cœur sincère ouvrent le chemin des ultimes Mystères.

Pour nous francs-maçons, l’Autel des parfums peut représenter l’effort d’élévation de la pensée vers l’idée qui sous-tend le symbole du Grand Architecte de l’Univers. L’encens est le combustible, la matière prête à s’élever sous l’effet du feu spirituel.

Enfin, la Table des pains de proposition est représentée par le plateau situé au septentrion, devant le Grand Trésorier.

Sur cette table sont placés :

  • douze pains de proposition,
  • une coupe contenant du vin rouge pour la libation,
  • ainsi qu’un anneau doré pour chacun des récipiendaires.

Dans le Temple Salomon, douze pains sans levain étaient déposés en offrande sur la Table des pains de proposition, dans le Saint du temple. Les pains étaient renouvelés tous les sept jours.

Les pains de proposition sont un hommage à la nourriture spirituelle que Dieu offre à son peuple. Le fait que les pains soient renouvelés chaque semaine évoque l’alliance entre Dieu et son peuple (en l’occurrence les douze tribus d’Israël) : Dieu pourvoit aux besoins des hommes, et en retour, les hommes répondent par leur fidélité et leur obéissance.

Dans une optique chrétienne, la Table des pains de proposition est une préfiguration de l’Eucharistie. Le pain symbolise le Christ lui-même, la « vraie nourriture », le « pain de vie ».

Au quatorzième degré, on parle aussi d’une alliance, d’une part entre le franc-maçon et le Grand Architecte de l’Univers, et d’autre part entre les franc-maçons eux-mêmes. Cette alliance est consacrée par ce qui s’apparente à une eucharistie conduite par le Trois Fois Puissant Grand Maître :

Mangez avec moi de ce pain et buvez avec moi le vin de cette coupe, afin que nous apprenions à nous secourir les uns les autres.

Le Trois Fois Puissant Grand Maître remet alors l’anneau d’or aux récipiendaires, « symbole de l’alliance contractée avec la Vertu et les hommes vertueux ».

Voir aussi notre liste de planches au 14ème degré

Pour aller plus loin :

Les essentiels des 13ème et 14ème degrés

Ce livre numérique pdf (75 pages) comporte 20 planches relatives aux 13ème et 14ème degrés.

Décryptez les notions essentielles, de la Voûte sacrée à la dispersion des Grands Elus, en passant par le voyage de Guibulum, le souvenir d’Enoch, la décadence de Salomon ou le sacrifice de Galaad…

Modif. le 31 octobre 2024

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