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La connaissance : définition philosophique et ésotérique

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La connaissance : définition philosophique. Quelle différence entre connaissance et savoir ? Quel est le sens ésotérique de la connaissance ?

La vie est limitée, la connaissance est sans limites. Tchouang Tseu, chapitre III

Sur un plan général, la connaissance (du grec gignosko ayant donné le latin nosco puis gnosco : « apprendre à connaître », « se rendre compte ») est le fait d’avoir assimilé et de pouvoir restituer un contenu objectif : savoir, méthode, information ou expérience.

Mais si on l’aborde sur un plan philosophique ou ésotérique, la définition de la connaissance devient plus floue. Selon les cas :

  • elle peut être fondée sur la perception, l’expérience, la raison, l’intuition ou encore les évidences partagées,
  • elle peut être jugée atteignable ou au contraire non atteignable.

Souvent perçue comme inaccessible, la connaissance devient l’objet d’une quête :

  • dans son sens ésotérique, la connaissance est moins un résultat qu’une posture de recherche,
  • dans certaines traditions initiatiques, la Connaissance avec un grand C désigne l’objectif final, l’accès à ce qui est caché. C’est la compréhension de l’essentiel : un Graal impossible à atteindre.

D’autre part, il faut distinguer savoir et connaissance :

  • le savoir, ou « science », est une somme d’informations accumulées, exprimables et transmissibles. Ces informations sont jugées vraies, mais pourraient bien devenir un jour caduques,
  • au contraire, la connaissance est l’exploration de nouvelles voies de compréhension nécessitant une remise en cause permanente des savoirs acquis,
  • voir aussi notre article sur la différence entre savoir et connaissance.

La connaissance est donc très différente du savoir. En effet, celui qui est persuadé de savoir a tendance à abandonner sa posture de cherchant : il ne voit plus du monde qu’à travers ce qu’il croit. Ses certitudes deviennent alors des illusions.

Enfin, la connaissance s’oppose à l’ignorance définie comme le fait de ne pas comprendre, mais surtout comme le fait d’avoir l’illusion de comprendre.

Tentons d’abord une définition philosophique de la connaissance.

La connaissance : définition philosophique

En philosophie, la connaissance peut être définie comme le rapport de la pensée à la réalité et à la vérité.

La connaissance consiste en la recherche de l’universel et en l’appréhension de valeurs stables telles que le Bien, le Vrai, le Beau ou le Juste. Elle s’oppose à l’erreur et à l’illusion.

Or, le problème vient du fait que la perception de l’Homme est par nature subjective : nos représentations sont évolutives, partielles, imparfaites. Quant aux théories, même si elles sont vraies, elles sont le plus souvent déconnectées du réel.

Au final, la vérité semble inaccessible à l’esprit humain.

Cela n’a pas empêché les philosophes d’élaborer différentes théories de la connaissance, qui s’appuient entre autres sur les données des sens, de l’intuition, ou sur la logique :

  • les réalistes croient en l’existence d’une réalité extérieure indépendante de notre esprit, la connaissance consistant en une rencontre entre les deux,
  • les idéalistes privilégient les idées logiques aux perceptions (cf l’allégorie de la caverne de Platon),
  • les matérialistes affirment que les idées sont issues de la matière, ce qui donnerait un accès privilégié à la connaissance des choses,
  • les empiristes affirment que la connaissance ne peut être issue que de l’expérience sensible,
  • les spiritualistes affirment la supériorité de l’esprit sur la matière, voire nient l’existence de la matière. La connaissance ne pourrait donc venir que de la maîtrise de l’esprit,
  • les rationalistes définissent la connaissance comme l’expression de la seule raison,
  • etc.

Par ailleurs, certains philosophes distinguent les connaissances de base (auto-justifiées) et les connaissances dérivées (conformes avec les premières). Cette approche pose la question des principes premiers de la connaissance et de leur caractère accessible ou non.

La quête de la connaissance : en quoi consiste-t-elle ?

Pour résumer la définition philosophie de la connaissance, on peut, comme Spinoza, distinguer trois types de cette connaissance :

  • Le quoi : ce sont les perceptions, la “connaissance par expérience vague”,
  • Le comment : c’est la pensée raisonnable, le savoir scientifique qui s’appuie sur des théories et des concepts,
  • Le pourquoi : c’est la Connaissance ultime, l’appréhension des lois fondamentales, l’accès à l’essence des êtres et des choses.

Ce dernier type de connaissance est bien sûr le plus mystérieux : c’est ici que la philosophie entre en concurrence avec les différentes traditions spirituelles, religieuses ou ésotériques.

La Connaissance avec un grand « C » fait l’objet d’un questionnement métaphysique, d’une recherche existentielle, voire d’une quête « mystique » qui interroge directement le rapport entre l’Homme et le Principe.

Il s’agit en réalité d’une double-quête qui concerne :

  • la Connaissance de Dieu (défini en tant que cause de l’univers),
  • et la connaissance de soi.

La connaissance de soi est en effet au coeur de la démarche, puisque le principal obstacle à la connaissance des choses est nous-mêmes.

Au coeur de la démarche : la connaissance de soi

Notre conscience est limitée par notre incarnation, autrement dit par notre condition d’humain.

Les causes de notre ignorance sont en nous-même : ce sont en particulier nos limites (sensorielles, intellectuelles, cognitives, affectives) et nos déterminismes (génétique, éducation, culture, vécu, psychologie, etc).

Nos conditionnements, nos instincts, notre ego, notre attachement aux habitudes et aux préjugés constituent les principaux obstacles qui nous séparent de la vérité. Ces obstacles sont principalement inconscients.

La quête de la connaissance consiste donc prioritairement à identifier ce qui occulte la lumière en nous-mêmes. Ainsi, la connaissance de soi mènerait à la connaissance du cosmos tout entier.

En effet, l’individu qui réussit à déchirer ses voiles intérieurs développe un regard lucide sur le monde. Il abandonne ses illusions, il renonce à son individualité égoïste, il s’ouvre à la raison pure et à l’intuition transcendantale.

Il devient l’être universel, vide de son « moi » mais plein de son « soi » véritable et universel. Son esprit devient le miroir de l’univers. Sa conscience est prête à fusionner avec la conscience du monde.

En quoi consiste la première étape de cette connaissance de soi ?

Il s’agit avant tout de reconnaître que nous ne savons rien. Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien, déclare Socrate.

Loin d’être un constat d’échec, c’est l’idée que le chemin de la connaissance s’élève au-dessus de toutes les habitudes, de tous les jugements et de tous les attachements. Il s’agit de renoncer à tout pour conquérir de nouveaux territoires et entrer dans un nouveau monde.

Quel est ce nouveau monde ?

On pressent que le monde de la connaissance est un monde où il n’y a ni bien ni mal (absence de jugement). C’est un monde d’amour où règnent l’équilibre et l’harmonie. C’est un monde ordonné où tout fait sens.

Ce monde n’est pas « ailleurs », il est devant nous et en nous, pour peu que nous soyons prêts à le voir.

La connaissance ésotérique ou « gnose » : définition

L’ésotérisme consiste en une révélation des secrets de la connaissance par l’initiation.

Les différents courants ésotériques (au premier rang desquels la franc-maçonnerie) considèrent en effet que l’accès à la connaissance doit faire l’objet d’un cheminement symbolique composé de différentes étapes ou « paliers ». Chaque palier consiste en la révélation de secrets qui doivent mettre l’initié sur la voie.

En réalité, ces secrets n’en sont pas vraiment. Ils ne révèlent rien sur la nature ni le contenu de la Connaissance, cette dernière étant par nature intransmissible puisqu’elle relève d’une démarche intime. Mais ils sont autant d’invitations à la découverte et à l’approfondissement.

En ésotérisme, on emploie souvent le terme de « gnose ». La gnose (du grec ancien gnosis : connaissance) est la connaissance intégrale de la vérité, acquise à travers l’initiation.

La gnose consiste en une plongée en soi-même afin d’y trouver une étincelle de lumière divine qui éclairera la totalité de l’existence. La gnose fait appel à l’intuition et utilise rituels et symboles comme points d’appui pour accéder, un jour peut-être, à la vérité.

Au final, l’approche ésotérique consiste à connaître en apprenant de soi. Il s’agit de rechercher la nature de son être profond (qui contient depuis toujours la vérité) par le vécu d’une expérience initiatique intime et unique.

Lire aussi notre article sur la gnose.

Conclusion sur la connaissance et sa définition philosophique

Au final, la Connaissance semble un objectif impossible à atteindre. Mais la posture du cherchant, par son caractère désintéressé et authentique, est déjà une forme de vérité.

Selon le Taciturneil n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. Seul le chemin compte. Savoir que nous ne sommes rien et que nous ne savons rien autorise un lâcher-prise qui permet de nous laisser traverser par l’évidence.

Car, nous l’avons vu, le principal obstacle à la vérité est nous-même : nos conditionnements, nos préjugés, notre ego. Le cherchant n’est pas celui qui accumule les savoirs, mais celui qui se dépouille de tout ce qu’il porte en lui d’inutile. Connaître consiste donc à ôter, non à ajouter.

Le but de la connaissance n’est pas l’omniscience : il ne s’agit pas de connaître le « comment » de tout, mais d’approcher le « pourquoi », de saisir l’âme du monde, l’intention divine.

Cette fusion entre l’Homme et le Principe est sans doute l’aboutissement de la quête.

La connaissance devient alors synonyme de sagesse, de paix et d’acceptation.

Elle se traduit par l’entrée dans un nouveau monde fait d’amour et de bonheur, à l’image du Royaume de Dieu chrétien ou du nirvana bouddhique.

Lire aussi notre article sur le thème connaissance définition philosophique : Savoir, connaître, comprendre

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Modif. le 17 mars 2024

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