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La civilisation occidentale et ses caractéristiques

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La civilisation occidentale : caractéristiques et définition. Comment décrire la civilisation occidentale ? Qui sont les occidentaux ?

Une civilisation est un milieu humain cohérent, une « grande société » qui s’est développée autour d’une identité et de phénomènes religieux, moraux, esthétiques, scientifiques et techniques particuliers.

Aujourd’hui maîtresse du monde, la civilisation occidentale présente des caractéristiques nettes qui expliquent son succès mais permettent aussi d’envisager son déclin futur.

L’Occident regroupe les pays d’Europe et d’Amérique du Nord, mais aussi l’Amérique du Sud, la Russie, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, formant un ensemble homogène de pays dont la culture, la religion et le système économique dominent la planète :

  • le christianisme est la première religion du monde, majoritaire dans 127 pays sur 202,
  • le système capitaliste est sans rival, presque tous les pays se trouvant intégrés aux échanges financiers et commerciaux internationaux,
  • enfin, la culture et les valeurs occidentales se sont imposées partout, y compris dans les pays non-occidentaux. Cela concerne les normes et systèmes de comptage, de mesure du temps, d’écriture, de communication (y compris la langue), mais aussi les modes de vie.

On peut approcher la civilisation occidentale en la comparant :

  • aux grandes civilisations anciennes : chinoise, harappéenne (vallée de l’Indus), indienne, arabe, précolombiennes, etc,
  • aux sociétés traditionnelles : peuples premiers d’Amérique, d’Afrique, d’Asie ou d’Océanie,
  • aux identités culturelles encore présentes aujourd’hui en Asie, au Moyen-Orient, en Afrique, en Inde ou en Océanie,
  • ou encore aux cultures alternatives présentes au sein même des sociétés occidentales.

La civilisation européenne est l’héritière des civilisations sumérienne (Mésopotamie) et égyptienne, lesquelles ont directement influencé la civilisation gréco-romaine, et par voie de conséquence le monde d’aujourd’hui.

Il faut ajouter à cela l’apport judéo-chrétien. Sans oublier un autre héritage important : celui des barbares. Après leur victoire sur l’Empire romain au Vème siècle après J-C, les barbares ont largement repris ou imité le cadre administratif, religieux et culturel romain, tout en imposant leur système guerrier fondé sur la conquête, le pillage, le servage, le patriarcat et la royauté. Certaines de ces pratiques sont encore bien présentes aujourd’hui dans notre civilisation.

Beaucoup de caractéristiques de la civilisation occidentale sont communes à d’autres civilisations, par exemple l’urbanisation, les progrès agricoles et techniques, la centralisation ou la spécialisation des activités. Mais l’Occident actuel se distingue par une certaine démesure et un système de valeurs bien particulier.

Tentons de définir la civilisation occidentale et d’en décrire les principales caractéristiques.

La civilisation occidentale et ses caractéristiques.

La principale valeur mise en avant par l’Occident est la liberté. Mais il ne s’agit pas ici d’une liberté collective, ni même d’une liberté intérieure.

La liberté au sens occidental est à la fois un individualisme et un matérialisme : elle est le droit de chacun à rechercher un maximum d’avantages pour lui-même, et donc à étendre le plus possible sa sphère d’influence et de possession. Ce mode de pensée implique la lutte permanente des uns contre les autres, la concurrence, la maîtrise des technologies et des ressources, la domination et l’accumulation.

Il s’en suit que la société occidentale est d’abord et avant tout une société de conquête, et donc une société de mouvement, de changement, de rapidité (voire d’accélération), ce qui va de pair avec la maîtrise de la matière, du temps et de l’espace. A ce titre, les Occidentaux attribuent au progrès (scientifique, technologique) une valeur essentielle. La société est tendue vers l’avenir et revient assez peu sur le passé.

Ce système diffère beaucoup de celui des sociétés traditionnelles, qui fonctionnent sur la constance, la stabilité ou la coutume : dans ces communautés, le temps semble figé ou marqué par l’éternel retour, et chacun reste à la place qui lui est assignée.

Prédateur-né, l’Homme occidental est en recherche perpétuelle de nouveaux espaces à conquérir : terres, mers, ressources naturelles, marchés, savoir-faire… Plus récemment, la conquête s’est étendue à l’espace, aux données personnelles, à l’information… Les individus eux-mêmes sont vus comme des ressources ou des objets à conquérir et à exploiter, non plus par l’esclavage et la traite, mais par le salariat, la consommation ou la publicité.

Ce système a plusieurs conséquences :

  • l’atomisation du corps social : dans ce système individualiste, les communautés locales sont affaiblies. La société s’organise à grande échelle à travers les institutions étatiques concentrées, l’administration et les grandes entreprises,
  • le rôle de l’argent : l’argent permet de pallier au manque de confiance qui règne entre individus ; il permet de mobiliser de grandes capacités productives et rend possible l’accumulation à grande échelle. Dans la société occidentale, l’argent est une fin en soi ; il dépasse largement la sphère purement commerciale : il s’infiltre dans la politique, l’information, l’art ou la santé, ces domaines étant vus comme autant d’espaces à conquérir,
  • les inégalités : dans le système capitaliste, certains individus prennent inévitablement le pouvoir sur les autres. L’accumulation illimitée des capitaux crée des positions dominantes durables. Les puissants cherchent à conserver leurs avantages, ce qui génère inégalités, exclusion et tensions sociales. Les inégalités se creusent au sein des pays, mais aussi entre pays : les pays du Sud sont subordonnés à des tâches productives à faible valeur ou polluantes,
  • la violence : l’individualisme et les inégalités entraînent la violence sociale, nourrissent parfois le crime organisé et débouchent régulièrement sur des révoltes ou des guerres civiles. Cette instabilité s’explique par le profond manque de cohésion des sociétés occidentales.
beaux quartiers et bidonvilles Afrique du Sud
Beaux quartiers en face de bidonvilles – Afrique du Sud

Certes, les inégalités sont présentes dans toutes les civilisations, par exemple en Inde avec le système des castes, à la différence que dans ce dernier, la compétition est absente.

Impérialisme et arrogance.

Ayant vocation à dominer le monde, la civilisation occidentale peut être qualifiée d’impérialiste. Un impérialisme qui, dans l’Histoire, s’est accompagné de guerres de colonisation, de soumission, d’humiliation, de racisme, de crimes de masse et de génocides.

Même si les grands empires coloniaux ont été démantelés, la sphère d’influence des nations occidentales n’a jamais décliné. La domination prend d’autres formes qui s’inscrivent désormais dans la globalisation.

Bien sûr, beaucoup d’autres civilisations ont fonctionné sur le mode de la conquête, mais aucune n’a eu pour ambition de dominer la totalité du globe. L’Empire romain s’auto-limitait dans ses conquêtes pour privilégier la paix interne (pax romana), cela par un système défensif aux frontières (limes). Certaines civilisations étaient pacifiques, à l’instar de la civilisation harappéenne (vallée de l’Indus).

L’impérialisme occidental prend aujourd’hui la forme d’une domination militaire (OTAN), financière et économique qui s’applique aux états vassaux, et de manière plus forte encore aux pays qui tentent de sortir du rang. Ces derniers font alors l’objet de sanctions, de guerres préventives, et sont parfois mis au banc des institutions internationales.

L’Occident justifie sa domination par la supériorité de son idéologie, basée sur la liberté, la démocratie et la prospérité. Toute idéologie concurrente est présentée comme dangereuse (communisme, anarchisme…) ou sans valeur (systèmes traditionnels ou alternatifs).

Enfin, on notera que l’Homme occidental se comporte comme étant partout chez lui sur la planète, comme s’il arrivait en « territoire conquis ». Une arrogance souvent mal vécue par les peuples non-occidentaux.

Au final, la civilisation occidentale véhicule un universalisme auto-centré.

sauvages zoos humains
Un groupe de Kanaks à l’Exposition coloniale de Vincennes en 1931. Présentés comme cannibales, ils sont sommés de danser toute la journée pour divertir un public avide d’exotisme.

Une civilisation hors-sol.

Les sociétés occidentales développent un rapport utilitariste à l’environnement. Précisément, l’emploi du terme « environnement » évoque la distance : la Nature est perçue comme un élément extérieur, périphérique. Le développement des univers virtuels, accessibles à travers les écrans, en est une autre preuve.

course sur tapis
Course à pied sur tapis roulant : un exemple d’activité « hors-sol »

Au quotidien, les Occidentaux vivent sans lien direct avec la Nature. L’agriculture, qui a remplacé la paysannerie, ne représente qu’une part infime des activités humaines.

La Nature est abordée comme une ressource à consommer (et aussi comme un espace de jeu) : utile, elle doit être conquise ; dangereuse, elle doit être soumise. Domestiqués ou exploités, rares sont les espaces naturels qui n’ont pas été modifiés, modelés par l’Homme occidental, des fleuves aux forêts en passant par les plaines et les montagnes.

Une fois maîtrisée, la Nature et les ressources doivent fournir le meilleur rendement, ce qui est rendu possible par le progrès technique, la standardisation et l’automatisation. La maîtrise de l’eau, l’agriculture intensive et le développement de l’activité extractive (le pétrole étant la ressource-clé) sont au coeur de cette stratégie.

Parmi les conséquences de cela : abondance, gaspillage et dégradation de la Nature.

Dans les sociétés traditionnelles à l’inverse, l’Homme fait partie intégrante de la Nature : il est un enfant de la Terre-mère, qu’il doit vénérer et respecter. C’est le cas notamment dans les sociétés chamaniques et animistes. Le concept de pollution n’existe pas, l’activité humaine étant incluse dans la Nature.

Un monde standardisé.

La caractéristique la plus visible de l’Occident est la standardisation, preuve que l’utilité et la productivité priment.

Les méthodes industrielles (duplication, mécanisation, numérisation) se sont imposées dans tous les domaines : production manufacturière, construction, transports, agriculture, mais aussi dans les services, l’information, les loisirs, le tourisme, l’art, la musique…

L’artisanat et l’autoconsommation ont tendance à disparaître. Les standards et les normes sont omniprésents : ils permettent d’homogénéiser les méthodes de production et de consommation, et d’élargir la taille des marchés à conquérir.

Les biens que nous consommons, les objets que nous utilisons et les lieux que nous fréquentons sont de plus en plus uniformisés, standardisés, aseptisés, artificiels : fruits, denrées, magasins, maisons, chambres d’hôtel, produits culturels, modes de déplacement, etc.

tourisme de masse hors-sol civilisation occidentale
Tourisme de masse hors-sol

Dans cette perspective, toute particularité ou originalité a tendance à être effacée pour plus d’efficacité et de rationalité, au détriment de la diversité et souvent de la beauté.

maisons standardisées civilisation occidentale
Quartier d’habitations standardisées, USA
agriculture intensive civilisation occidentale
Agriculture intensive – USA

La civilisation occidentale et ses caractéristiques : la démesure.

Une caractéristique essentielle de la civilisation occidentale est la démesure. Du fait de son ambition insatiable, l’Homme occidental repousse sans cesse les limites que la matière lui impose.

L’Homme occidental construit toujours plus haut, étend toujours plus ses villes, construit des autoroutes toujours plus larges, repousse toujours plus les limites de la médecine, crée toujours plus de « valeur », envoie ses sondes toujours plus loin dans l’espace…

Son ambition semble infinie.

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La tour Burj Khalifa, Dubaï, 828 mètres de haut

L’hybris est un terme qui peut qualifier cette démesure. Il s’agit d’un concept issu de la Grèce antique et qui décrit la tentative de l’Homme de s’élever au-dessus de sa condition et s’usurper les qualités divines. Dans son sens commun, l’hybris est excès et désir irrationnel de puissance.

L’hybris est peut-être le signe d’instincts débordants (domination, supériorité…) et non maîtrisés.

Une organisation sociale hiérarchique et patriarcale.

Les sociétés occidentales se caractérisent par une hiérarchie très marquée, qui n’a que peu été remise en cause par les révolutions démocratiques.

Le pouvoir est exercé par les élites économiques et financières en capacité d’influer sur les instances politiques, les médias et l’organisation sociale. Ces élites se reproduisent en vase clos.

Ces élites sont principalement constituées d’hommes blancs âgés. A ce titre, nos sociétés peuvent être qualifiées de patriarcales : le rôle de la femme est d’être au service de l’homme, et les hommes jeunes ont moins de pouvoir que les hommes mûrs.

Le système de valeurs occidental.

Nous l’avons déjà évoqué, le système de valeurs occidental repose sur la liberté, la responsabilité, le travail et le mérite. Derrière cela, il y a l’idée que l’effort individualiste de chacun peut bénéficier à la société dans son ensemble.

Ces valeurs rendent les individus responsables de leur propre condition, ainsi les inégalités deviennent acceptables. Chacun est censé disposer de son libre-arbitre, et peut donc choisir entre le « bien » et le « mal », l’effort et l’oisiveté. Le destin et la fatalité n’ont pas leur place dans le monde occidental, ce qui constitue une différence importante avec d’autres grandes civilisations.

Les valeurs d’égalité et de solidarité existent mais restent secondaires. Des mécanismes tentent de corriger les inégalités : redistribution fiscale, protection sociale, égalité devant la loi… Ces mécanismes ne remettent cependant pas en cause la « liberté » comme valeur première.

Un système de pensée dualiste.

La manière occidentale d’appréhender le monde est fondée sur la rationalité et le raisonnement dual (scientifique ou philosophique). C’est un mode de pensée qui consiste à observer, séparer, comparer et classifier.

Dans les cultures orientales à l’inverse, on raisonne en terme d’interdépendance, d’impermanence (bouddhisme), de Source (taoïsme), de vacuité, de souffle, de flux, de respiration ou de transition entre des états qui semblent ne pas exister en eux-mêmes.

Le système de pensée occidental laisse peu de place à la spiritualité, sans doute parce qu’il se fonde sur l’observation des phénomènes visibles et sur la maîtrise de la matière plus que sur la compréhension des phénomènes de l’Esprit. C’est ainsi que la science est préférée à la philosophie et à la spiritualité.

Quant à la religion chrétienne, elle n’est conservée que comme socle des valeurs traditionnelles qui fondent la civilisation occidentale (libre-arbitre, universalisme, patriarcat, ordre et autorité) et non comme un outil d’épanouissement individuel. Le message christique, porteur de paix, de fraternité et de miséricorde, est largement oublié ou détourné.

Il en résulte une quasi totale absence de vie intérieure. Tourné vers l’extérieur, attentif aux apparences, attaché à la matière, l’Homme occidental semble plutôt se livrer aux 7 péchés capitaux. Il se connaît mal et ne dispose pas des outils qui lui permettraient de se réaliser sur le plan spirituel, ce qui lui cause une grande souffrance morale.

En comparaison, d’autres grands systèmes socio-religieux accordent une place fondamentale à la mythologie (civilisations anciennes), à la philosophie (Grèce antique), à l’éthique (confucianisme), à la maîtrise de la souffrance intérieure (bouddhisme) ou encore aux outils de connaissance et de réalisation de Soi (hindouisme).

On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l’on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure.
Georges Bernanos, La France contre les robots

La nécessaire transformation de la civilisation occidentale.

Individualiste et utilitariste, la civilisation occidentale se caractérise par sa volonté de maîtrise, donc d’hégémonie. Les Occidentaux sont fiers d’être parvenus à maîtriser le temps, l’espace et la matière. Croyant s’être affranchis des contraintes de la Nature, ils ont développé une société d’exploitation et de consommation effrénée. Pourtant, ils ne se sont pas encore rendus maîtres d’eux-mêmes.

Aveuglé par son ambition, en lutte perpétuelle contre son milieu et contre lui-même, l’Homme occidental semble avoir oublié sa nature véritable, à savoir celle d’un être dans le monde, soumis aux lois universelles.

Par ses excès et sa démesure, la civilisation occidentale a entraîné un épuisement de l’humain et de la Nature. Pressurisé, stressé, l’Homme s’est oublié ; il a perdu le goût et le sens de la vie. Trop rapide, trop bruyante, trop violente, de plus en plus déshumanisée, notre société génère une indicible souffrance.

L’Occident court vers sa perte. Destructions, catastrophes, conflits, crise climatique : les alertes sont nombreuses. Les rêves technologiques, transhumanistes ou spatiaux, portés par des individus toujours plus mégalomanes, sont le signe d’une fuite en avant et d’un mur qui se rapproche.

La civilisation occidentale a toujours connu des oppositions en son sein. Le défi environnemental et climatique l’oblige à envisager de nouvelles voies et à accélérer sa mutation, faute de quoi elle disparaîtra, comme d’autres avant elle.

Lire aussi notre article : Comment changer le monde ?

Modif. le 1 mars 2022

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