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Les boules blanches et noires : planche maçonnique

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Les boules blanches et noires en franc-maçonnerie : symbolisme. Pourquoi le vote se fait-il par boules blanches et noires ? Quelle signification ?

En loge, les votes importants se font à l’aide de boules blanches et noires, par exemple pour l’admission d’un nouveau membre ou pour une augmentation de salaire. On parle de « blackbouler » un candidat lorsque le vote revient négatif.

Il s’agit de prendre position par rapport aux conclusions de l’orateur, garant de l’ordre et de la régularité des décisions de l’atelier.

De manière générale, le vote par boules blanches et noires est assez rare. Il était pratiqué en Grèce antique, et à d’autres époques pour élire les doges à Venise ou les membres de l’Académie française. Il est encore en vigueur aujourd’hui dans certains clubs.

Un vote favorable consiste donc à introduire une boule blanche dans le tronc blanc et une boule noire dans le tronc noir, l’inverse pour un vote défavorable. Ainsi, le nombre de boules blanches et noires est toujours le même, indépendamment de leur répartition dans les troncs.

Le vote par boules blanches et noires suggère la symétrie et l’équilibre. Il évoque la balance, le pavé mosaïque ou encore le yin et le yang, symbole essentiel du taoïsme.

Voici donc une interprétation des boules blanches et noires en franc-maçonnerie.

Voir aussi notre article sur le symbolisme des échecs

Avant le vote, chaque maître reçoit du frère Maître des Cérémonies deux boules, l’une blanche l’autre noire, dans ses mains. Ces deux boules peuvent représenter la dualité qui coule en nous, les deux aspects de notre personnalité ou les deux énergies qui nous animent : l’amitié et la discorde.

De même, le blanc et le noir représentent la dualité du monde manifesté. C’est l’expression du caractère différencié de la création.

Traditionnellement, le noir est associé à ce qui est négatif, le blanc à ce qui est positif, comme dans le symbole du yin et du yang (taijitu) :

symbole yin yang taijitu

Mais il ne faut pas se tromper sur la nature de cette dualité. On aurait tort considérer que le blanc est bon et le noir mauvais. Car le blanc n’existerait pas sans le noir, et vice-versa. Autrement dit, la présence d’une quantité de blanc fait naître la même quantité de noir : on obtient donc un équilibre parfait, une complémentarité symétrique entre ces deux aspects.

C’est la raison pour laquelle le vote maçonnique consiste à répartir les boules plutôt que mettre de côté celles que l’on souhaiterait ne pas utiliser. Ainsi, le nombre de boules blanches est toujours égal au nombre de boules blanches, et les deux troncs s’équilibrent comme les deux plateaux d’une balance éternellement « juste ».

Si les conclusions de l’orateur sont sages et éclairées, alors le vote se traduit naturellement par un scrutin sans tâche : toutes les boules blanches se retrouvent dans le tronc blanc, et les boules noires dans le tronc noir.

Mais dans notre monde marqué par la dualité, des désaccords surgissent inévitablement : on introduit alors une boule noire dans le tronc blanc, ce qui signifie que l’on s’oppose aux conclusions de l’orateur. Mais cette opposition se fait en conscience ; elle se veut une nouvelle voie permettant d’approcher la vérité. Surtout, elle ne dérange pas l’ordre cosmique, car l’équilibre des couleurs ne peut être rompu.

La boule noire dans le tronc blanc rappelle la présence d’un point noir dans la zone blanche (yang) du taijitu, comme pour signifier que chaque élément positif comporte en lui du négatif, et vice-versa. Tout est question de point de vue, mais au final l’équilibre règne.

Le vote maçonnique par boules blanches et noires suggère l’omniprésence et le caractère indépassable de l’ordre cosmique, qui s’exprime dans toutes les situations et quels que soient nos choix.

Que le vote revienne favorable ou défavorable, l’harmonie globale n’est pas remise en cause. Autrement dit, ce n’est pas nous qui influons sur le monde, mais le monde qui influe sur nos choix. Penser l’inverse serait prendre la place du Grand Architecte de l’Univers…

Dans le même ordre d’idée, notons l’interdiction de s’abstenir lors du scrutin : tout franc-maçon doit prendre part au vote, ce qui montre l’impossibilité d’échapper à son destin et de s’écarter de la loi universelle. Le franc-maçon assume les choix qu’il est amené à faire, s’engage pleinement sur sa trajectoire, et se regarde agir, loin de toute ambition déplacée.

Accepter la dualité, c’est aimer le monde tel qu’il est, et donc voir son unité. C’est reconnaître l’ordre cosmique qui avait été masqué par l’ego.

En loge, les désaccords s’expriment dans le calme et la sérénité. Les différents points de vue participent de l’harmonie d’ensemble, comme les notes de musique blanches et noires créent la mélodie. Ce dépassement de la dualité par le ternaire est peut-être la définition de l’espace sacré de la loge, qui se veut un lieu de parfaite sagesse.

Voir aussi notre liste de planches maçonniques au premier degré

Pour aller plus loin :

Les essentiels du premier degré maçonnique couverture

Ce livre numérique pdf (114 pages) comporte 33 planches essentielles pour approfondir les thèmes et symboles du premier degré maçonnique.

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Modif. le 25 août 2024

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