Le besoin spirituel de l’homme : quel est-il ? d’où vient-il ? en quoi consiste-t-il ? qu’est-ce que « l’Homme spirituel » ?
Selon la célèbre thèse d’Abraham Maslow (psychologue américain, 1916-1972), l’homme cherche à satisfaire cinq types de besoins :
- les besoins physiologiques : respirer, boire, manger, dormir, éliminer…
- le besoin de sécurité : c’est le besoin de se sentir protégé,
- le besoin d’appartenance : c’est le besoin de se sentir considéré, inclus dans le groupe,
- le besoin d’estime : c’est le besoin de se sentir utile, d’avoir un rôle à jouer dans le groupe (ce qui procure confiance en soi et reconnaissance de la part des autres),
- le besoin d’accomplissement de soi : c’est le besoin de se réaliser, de développer ses capacités, ses connaissances et ses valeurs. C’est aussi trouver un sens à sa vie, ou de se donner un but dans la vie.
Pour Maslow, la satisfaction d’un niveau de besoin basique permet d’envisager la satisfaction des besoins suivants. C’est la raison pour laquelle on présente les typologies de besoins sous la forme d’une pyramide :
En haut de la pyramide, on trouve donc le besoin d’accomplissement ou de réalisation de soi. Ce besoin, qu’on pourrait plutôt qualifier de désir, se traduit de manière différente selon les individus : ce peut être le besoin de créer, de découvrir, d’apprendre, de comprendre, d’expérimenter, de voyager, de transformer le monde, de se transformer soi-même, ou encore de réaliser son rêve.
On peut aussi parler de « besoin spirituel », même si ce terme nécessite d’être approfondi.
Notons que Maslow a plus tard ajouté un dernier niveau à sa pyramide, à savoir le « dépassement de soi » ou « transcendance de soi ». Nous y reviendrons.
Tentons d’analyser plus précisément le besoin spirituel de l’homme.
Le besoin spirituel de l’homme : description
On pourrait réinterpréter et simplifier la pyramide de Maslow en distinguant trois catégories de besoins :
- les besoins matériels, purement individuels : santé, sécurité, conservation, satisfaction des instincts et des pulsions,
- les besoins liés aux rapports humains : appartenance et rôle dans le groupe, reconnaissance, équilibre social,
- et enfin le besoin spirituel, que nous allons tenter de définir.
La première catégorie de besoins touche à l’individualité, la seconde à la sociabilité, et la troisième à notre appartenance à quelque chose de plus large : le cosmos.
Une autre vision consistera à dire que la première catégorie touche à la matière, la troisième à l’esprit, la seconde étant à l’image de l’homme : intermédiaire. En effet, l’homme se situe entre matière et esprit, entre animalité et conscience.
Le besoin spirituel de l’homme : tentative de définition
Le besoin spirituel de l’homme se manifeste d’abord par un questionnement sur lui-même, le monde, la vie et le sens de l’existence. Il s’agit donc d’un questionnement métaphysique, mais qui peut aussi se traduire par des recherches, des voyages, des créations ou des expérimentations.
Ce besoin spirituel est-il forcément gratuit et désintéressé ? Non. Au départ, l’intention peut être égoïste, l’individu souhaitant donner un sens à sa vie pour améliorer son état mental, réduire sa souffrance ou tout simplement vivre mieux.
Mais en s’autorisant cette démarche spirituelle (démarche qui devra cependant aller au-delà du simple « développement personnel« ), l’individu prend du recul, ouvre sa conscience, lâche prise, remet en cause ses schémas et ses certitudes : c’est ainsi qu’il se donne une chance de se dépasser lui-même, de se transcender, ce qui l’amènera à découvrir de nouvelles réalités.
Par conséquent, si le besoin spirituel part de l’individu-ego, il réussit à le dépasser : ce paradoxe est celui de la réconciliation de l’immanence et de la transcendance.
Au final, le besoin spirituel est avant tout un désir de comprendre et de s’ouvrir aux mystères : c’est une démarche qui relève plus d’une quête (jamais achevée) que d’une accumulation de savoirs et de réponses toutes faites.
Un besoin spirituel séparé des autres besoins ?
Le besoin spirituel de l’homme ne doit pas être vu comme séparé des autres types de besoins.
En effet, la spiritualité ne fonctionne pas en vase clos ; au contraire, elle est un questionnement sur soi, sur les autres, sur la société et le monde : elle est intimement liée à la « matière ».
Autrement dit, la spiritualité est indissociable de la connaissance de soi, des autres et de l’univers : il ne s’agit de pas d’abandonner la matière mais de la placer sous la lumière de la conscience.
Ainsi, le besoin spirituel de l’homme ne s’oppose pas aux autres types de besoins, mais les éclaire :
La hiérarchie des besoins humains
Abraham Maslow hiérarchise le besoins en affirmant que les besoins situés au bas de la pyramide doivent être satisfaits pour que l’individu puisse s’intéresser aux besoins supérieurs.
Pourtant, le besoin spirituel de l’homme peut s’exprimer aussi bien en situation de stabilité (matérielle et sociale) qu’en situation d’instabilité. Les épreuves, les difficultés et la souffrance peuvent même renforcer notre « besoin spirituel » – à noter aussi que ce type de besoin est souvent très fort en fin de vie.
C’est alors que les questions affluent :
- qui suis-je ?
- quelle est ma place dans le monde ?
- comment devrais-je me comporter ?
- devrais-je changer des choses en moi ou autour de moi ?
- ma vie a-t-elle un sens, ou dois-je donner un sens à ma vie ?
- mon destin est-il écrit ?
- quelle voie devrais-je suivre ?
- etc.
Ainsi, la spiritualité n’est pas réservée à des personnes privilégiées, mieux dotées ou plus avancées que d’autres. C’est un besoin profond qui concerne tous les êtres humains, quelle que soit leur condition, quelles que soient les circonstances.
Ce qui ne veut pas dire que tous les individus soient en mesure de mobiliser les mêmes ressources pour y répondre.
Vers l’Homme spirituel
Nous l’avons dit, tous les êtres humains connaissent des besoins spirituels. Mais seul un petit nombre d’entre eux réussit à s’engager vraiment sur le chemin de la spiritualité.
Ce chemin promet une transformation intime : il s’agira en effet de s’ouvrir à un nouveau langage, à un nouveau mode d’existence, fondé non pas sur l’accumulation et l’attachement, mais sur le dépouillement et l’abandon de ce que nous pensions être.
Contrairement aux autres types de besoins, le besoin spirituel ne nécessite pas d’être comblé ou satisfait, il nécessite d’être vécu. L’Homme spirituel ne cherche pas à se remplir, mais au contraire à se vider. Autrement dit, il s’abandonne à la vie, ce qui lui permet de cultiver acceptation et espérance.
Cet abandon est nécessaire pour accéder à la sérénité. L’Homme retrouve alors sa vraie place dans le monde. Buvant à la source d’immortalité, il se laisse traverser par toutes les forces cosmiques. Son épaisseur est alors réduite à néant : il est rien et tout à la fois.
Et nous en parlons, non avec des discours qu’enseigne la sagesse humaine, mais avec ceux qu’enseigne l’Esprit, employant un langage spirituel pour les choses spirituelles. Mais l’homme animal ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en juge. L’homme spirituel, au contraire, juge de tout, et il n’est lui-même jugé par personne.
Première épître aux Corinthiens 2, 13-15
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Voir aussi :
Qu’est-ce que la spiritualité ? Quel est le but à atteindre ? En quoi consiste la méthode spirituelle ? Quel lien avec la philosophie ?
Ce livre numérique pdf (216 pages) aborde les notions essentielles de la spiritualité à travers 65 textes
Modif. le 5 mai 2024