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Les arts libéraux : planche de compagnon

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Les arts libéraux : planche de compagnon. Quels sont les sept arts libéraux ? Quel symbolisme ? En quoi peuvent-il aider et guider le compagnon ?

C’est lors du troisième voyage, effectué avec le fil à plomb et le niveau, que le récipiendaire découvre le cartouche des arts libéraux.

Les arts libéraux sont au nombre de sept, répartis en deux catégories :

  • le trivium rassemble les arts de la parole. Dans les universités du Moyen Age, le trivium comprenait la grammaire, la rhétorique et la dialectique, formant le premier cycle des études universitaires,
  • quant au quadrivium, il comprenait les quatre disciplines à caractère mathématique : arithmétique, géométrie, astronomie et musique.

Cette distinction médiévale fait écho aux différents domaines de connaissance gréco-romains. L’expression « arts libéraux », apparue au Ve siècle (traité Septem Artes Liberales), renvoie à tous les champs de l’esprit, à tous les talents intellectuels, par opposition aux activités manuelles ou pratiques. Le terme « libéral » sous-entend qu’on ne se fixe pas de limite dans la recherche de la vérité.

Dès le XVIIIe siècle, la franc-maçonnerie se donne pour objectif, entre autres, de cultiver les arts, les lettres et les sciences. Ce sera le cas par exemple au sein de la loge des Neuf Soeurs, dont la dénomination évoque les neuf muses antiques qui présidaient aux arts libéraux.

Au REAA, le cartouche des arts libéraux est introduit de la manière suivante :

Mon Frère récipiendaire, ce voyage symbolise le troisième aspect des études du Compagnon. Il a pour thème les sept Arts Libéraux qui symbolisent l’ensemble des arts et des sciences humaines.
De ces arts et de ces sciences, il n’en est aucun qui ne puisse aider l’homme à s’élever vers la connaissance parfaite, chacun étant un échelon qui lui permet d’apercevoir l’un des aspects de la vérité.

Tentons d’interpréter les sept arts libéraux au 2ème degré REAA.

Voir aussi le rituel d’élévation au grade de compagnon

La Grammaire parle, la Dialectique enseigne, la Rhétorique colore les mots, La Musique chante, l’Arithmétique compte, la Géométrie pèse, l’Astronomie s’occupe des astres.

Devenu compagnon, le franc-maçon va désormais pouvoir travailler et s’exprimer en utilisant les moyens offerts par les arts libéraux.

Ces derniers évoquent à la fois la philosophie, l’art et la science. Alors que notre système de connaissance actuel a tendance à séparer ces domaines, l’approche antique et médiévale les relie. Les arts libéraux évoquent ainsi les différentes facettes d’une Connaissance unique, cohérente et supérieure, qui touche au sacré et qui élève l’Homme vers le divin.

Alors que les ordres d’architecture (second voyage du compagnon) se rattachent aux beaux-arts, c’est-à-dire à la contemplation du beau, les arts libéraux visent la maîtrise de la parole et des nombres qui décrivent la structure de l’univers.

Ainsi, le trivium concerne le pouvoir du verbe, et le quadrivium le pouvoir des nombres.

La parole est un thème omniprésent en loge, à travers les mots (mots de passe, mots sacrés), le silence ou encore le mythe de la parole perdue. Le prologue de Jean associe Lumière, Verbe et logos. Le franc-maçon est invité à raisonner et à peser ses propos : les arts du trivium vont l’y aider.

Le trivium comprend :

  • la grammaire : elle consiste à parler et écrire correctement. Au Moyen-Age, la grammaire renvoie plutôt à l’intelligence poétique et à l’interprétation des récits mythologiques,
  • la dialectique : elle comprend l’ensemble des moyens visant à raisonner (logique), c’est-à-dire démontrer, réfuter ou persuader,
  • la rhétorique : c’est l’art de parler et de discourir.

Ces trois arts allient sagesse, force et beauté dans la manière de parler et d’écrire, par exemple au moment de composer une « planche ». Il ne s’agit pas de parler pour rien, ni de se payer de mots, ni de vouloir convaincre coûte que coûte, mais de philosopher sur des bases saines, à partir de références universelles, dans une perspective de beauté poétique qui doit éclairer les esprits et ouvrir les cœurs. Arguments et contre-arguments devraient être synthétisés et harmonisés dans le but de refléter, autant que faire se peut, la vérité universelle.

Au sein de l’école pythagoricienne, les « contemplatifs » (groupe appartenant au degré des initiés mathématiciens) étudiaient l’arithmétique, la musique, la géométrie et l’astronomie : nous avons là les quatre sciences qui formeront le quadrivium du Moyen Age.

Le quadrivium a trait aux nombres, au rythme et à la mesure.

Le quadrivium comprend :

  • l’arithmétique : c’est l’art du calcul et la science des nombres, des rapports et des proportions. Sur le plan ésotérique, c’est l’étude de la qualité et de la valeur symbolique des nombres, ou « arithmologie ». A noter que le pythagorisme et la Kabbale accordent une grande importance aux nombres à leur signification cachée en tant que voie de compréhension de la structure de l’univers,
  • la géométrie : c’est l’art de la mesure, mais aussi de la conception. Sur le plan philosophique, c’est le domaine des idées vraies (« idéales » au sens platonicien), c’est-à-dire non déformées, non soumises aux préjugés. Sur le plan ésotérique, les formes géométriques sont, comme les nombres, des outils symboliques qui permettent d’accéder au plan cosmique,
  • l’astronomie : c’est la connaissance du domaine céleste. Sur le plan ésotérique, l’astronomie permet de dépasser (sans les renier) les concepts géométriques pour atteindre de nouveaux niveaux de conscience. A noter que de nombreux enseignements ésotériques ou alchimiques se fondent sur les qualités symboliques des astres, sphères et planètes,
  • la musique : c’est l’étude et la recherche de l’harmonie des sons, reflets de l’harmonie cosmique. Très importante dans le pythagorisme, la musique est aussi un outil maçonnique, qui évoque à la fois la perpendiculaire (introspection ainsi qu’élévation), le compas (degré d’ouverture de l’esprit et du cœur), le pavé mosaïque (recherche de l’accord parfait par l’harmonisation des notes noires et blanches), la colonne (d’harmonie) ou encore la chaine d’union (la communion, les chœurs).

La géométrie occupe ici une position centrale ; elle renvoie directement à la lettre G présente au centre de l’étoile flamboyante. Sur le chantier de la vérité, le franc-maçon construit son temple intérieur sur des bases géométriques qui expriment l’ordre caché du monde mais aussi sa beauté, et qui lui serviront de tremplin pour voir plus loin, vers les étoiles…

Les arts libéraux doivent être abordés dans leur dimension symbolique et non littérale. A la différence des sciences profanes, ils ont pour but de relier le visible et l’invisible, l’Homme et le divin.

Les arts libéraux relèvent de la méthode. Ils appellent au travail, à l’investigation et à l’ouverture de la conscience. Ils sont des outils symboliques à la disposition de ceux qui veulent progresser sur eux-mêmes et vers ce qu’il y a de plus haut.

Voir aussi notre liste de planches au 2ème degré

Les essentiels du deuxième degré maçonnique couverture

Ce livre numérique pdf (100 pages) comporte 27 planches essentielles pour approfondir les thèmes et symboles du second degré maçonnique.

Il offre des points d’appui dans le labyrinthe des objets et concepts à décrypter.

Modif. le 12 avril 2024

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