L’Arcadie dans la mythologie : définition et description. Quel sens philosophique et quelle signification spirituelle ? Qui sont les bergers d’Arcadie ?
Dans la mythologie grecque, l’Arcadie est le pays des Arcadiens, peuple issu d’une tribu grecque très ancienne installée dans les montagnes du Péloponnèse, le « pays des ours ».
Les auteurs grecs (Callimaque, Platon…) ont contribué à fonder le mythe de l’Arcadie : un pays isolé, idyllique, idéal, doux, paisible, peuplé de bergers heureux, riant et chantant.
L’Arcadie est en outre la patrie du dieu Pan, protecteur des bergers et des troupeaux, associé à la flûte de pan, instrument de musique des plus simples. Pan réside sur le principal sommet de la région : le mont Lycée.
L’Arcadie symbolise une époque passée, oubliée, qui peut être assimilée à l’âge d’or : un temps mythique où l’humanité vivait dans la concorde et l’unité, précédant les âges d’argent, d’airain et de fer.
Aujourd’hui, l’Arcadie est une région de Grèce située au coeur de la péninsule du Péloponnèse.
Voici donc la signification de l’Arcadie dans la mythologie ainsi que son sens philosophique et spirituel.
L’Arcadie dans la mythologie grecque et romaine : description
Au commencement, l’Arcadie est un territoire primitif, sauvage, peuplé de rustres chasseurs, pêcheurs et bergers. C’est un territoire montagneux, parsemé de bois, de prairies et ponctué de sources.
Les auteurs de l’Antiquité font de l’Arcadie un espace pastoral et bucolique où les bergers pratiquent la musique et la poésie. Les auteurs latins (Ovide, Virgile, Tibulle) font des Arcadiens les lointains ancêtres des Romains. Ils décrivent l’Arcadie comme un lieu où l’on pouvait guérir de toutes les souffrances par la pratique du chant.
L’Arcadie est indissociable d’un certain mode de vie qui alterne occupations et loisirs. Les travaux sont entrecoupés de pauses durant lesquelles on s’allonge, on rie, on chante et on accomplit des tâches sans effort, comme si la frontière entre le travail et la distraction n’avait plus de sens.
C’est aussi le pays de l’amour heureux, sans passion ni souffrance, où les partenaires sont interchangeables et pourtant fidèles.
Au final, l’Arcadie est un lieu de bonheur et de concorde : l’harmonie règne entre les animaux et les hommes, entre l’Homme et la Nature, et entre les hommes entre eux.
L’Arcadie : sens philosophique et spirituel
L’Arcadie symbolise un espace rustique, authentique, un lieu de beauté, d’harmonie, de fraternité et de liberté. C’est encore un endroit de paix, de sérénité et d’équilibre.
L’Arcadie réconcilie les contraires : c’est une terre à la fois sauvage et civilisée, rude et généreuse, pluvieuse et ensoleillée, où l’on travaille autant que l’on se repose.
L’Arcadie évoque bien sûr le jardin d’Eden (littéralement le « jardin des délices »), paradis d’Adam et Eve avant le péché originel : un lieu d’innocence où la souffrance, le malheur, la maladie et la mort sont inconnus.
On peut aborder l’Arcadie de plusieurs manières différentes :
- ce peut être l’image d’un paradis perdu, nourrissant la nostalgie d’un état que l’on ne retrouvera jamais,
- ce peut être une utopie : l’image d’une société idéale à construire,
- enfin, ce peut être un état mental accessible à celui qui réussit à vaincre ses soucis et des passions : une nouvelle manière de voir le monde.
Ainsi, l’Arcadie offre l’image d’un jardin imaginaire où l’on peut se retirer, se ressourcer et expérimenter une nouvelle façon de vivre, plus heureuse, plus spontanée. L’Arcadie rappelle aussi le Royaume de Dieu tel que le décrit Jésus dans la Bible (« le Royaume de Dieu est au-dedans de vous » dit Jésus).
Entrer en Arcadie nécessite donc une conversion mentale, qui passe par une réconciliation avec soi-même, les autres et avec la Nature. Il faut pour cela vaincre ses jugements en bien et en mal, ses passions, sa haine et ses peurs : l’Arcadie est en effet le lieu d’un éternel présent, dénué de tout regret, attente ou projection.
Evoquer l’Arcadie, c’est donc décrire un chemin d’éveil. Or c’est un chemin qui recule plutôt qu’il n’avance : l’Arcadie est une sorte de régression, un retour à un état primordial, naturel, insouciant, presque inconscient. Beaucoup de choses devront être lâchées, abandonnées ou déconstruites pour réintégrer ce pays heureux et vierge de tout malheur.
Les Bergers d’Arcadie : le célèbre tableau de Nicolas Poussin
Les bergers sont les habitants mythiques de l’Arcadie. Leur travail consiste à conduire les bêtes et à veiller sur elles. Leur vie au coeur de la Nature favorise la contemplation et la méditation.
Les Arcadiens sont mortels, pourtant la mort ne les tourmente pas.
Les Arcadiens et la mort
Les Bergers d’Arcadie est le nom du chef d’oeuvre de Nicolas Poussin exposé au Louvre :
S’inspirant du mythe de l’Arcadie, ce tableau représente trois bergers ainsi qu’une bergère découvrant un tombeau sur lequel est gravée l’inscription latine ET IN ARCADIA EGO qui signifie : « Et je suis en Arcadie », « Je suis encore en Arcadie » ou « J’ai vécu en Arcadie », le « je » désignant la personne enterrée.
Ce tableau questionne le rapport des Arcadiens à la mort, autrement dit il interroge la condition humaine : c’est une oeuvre existentielle.
On peut interpréter l’inscription comme le rappel du caractère inévitable de la mort, même en Arcadie. Mais d’autres interprétations sont possibles, par exemple celle qui consiste à dire que la mort fait partie de la vie : nous ne devons pas nous en inquiéter, nous devons l’accepter puisqu’elle est une forme d’éternité qui rappelle précisément la vie en Arcadie.
D’autre part, ce tableau est souvent relié au mystère du trésor de Rennes-le-Château, qui aurait été découvert par l’abbé Saunière. En effet, le fond du tableau évoque les sommets des montagnes du Razès (Aude) où se situe le village de Rennes-le-Château.
Certains ont aussi vu dans l’inscription latine Et in Arcadia Ego l’anagramme de I Tego arcana dei, qu’on peut traduire par : Va, Je possède le secret de Dieu.
La bergère semble poser une main rassurante sur l’un des bergers ; elle semble moins étonnée que ses trois compagnons par la présence de l’inscription sur la tombe.
On peut y voir un parallèle entre le mythe arcadien et le Nouveau Testament :
- le tombeau serait celui de Jésus, gardien du troupeau à l’image du dieu Pan,
- l’inscription latine signifierait que Jésus est toujours vivant dans le Royaume de Dieu ainsi que dans le coeur de ceux qui croient en lui (ceux-là ayant de fait accès à la vie éternelle),
- la bergère ne serait autre que Marie-Madeleine, apôtre des apôtres, premier témoin du tombeau vide et de la résurrection de Jésus. Marie-Madeleine est la dépositaire du secret ; elle possède la Connaissance sacrée : elle est l’élue.
Pour certains, Marie-Madeleine aurait été la femme de Jésus et la mère de ses enfants : une descendance cachée qui constituerait le secret du Graal et la signification profonde du tableau de Poussin…
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Modif. le 9 juin 2024