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L’alchimie spirituelle : définition (1/10)

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L’alchimie spirituelle : définition et principe. Qu’est-ce que l’hermétisme ? En quoi consiste la transmutation de l’être ?

L’alchimie spirituelle est la branche spéculative de l’alchimie : c’est une chimie de l’esprit, qui consiste à transformer non pas des métaux, mais l’individu lui-même et notamment son psychisme.

L’alchimie spirituelle est donc à distinguer de l’alchimie opérative définie comme une pratique magique ou une pseudo-science visant à transformer le plomb en or.

Nous allons le voir, l’alchimie spirituelle relève de la tradition hermétique qui nous vient de l’Antiquité. Plus qu’une doctrine, c’est une méthode qui vise à nous éveiller à notre être véritable, authentique, dépouillé de tous les voiles qui dissimulent ce que nous sommes vraiment. A ce titre, on peut la définir comme une protoscience qui se situe entre la philosophie, la métaphysique et la psychologie.

Voici une définition de l’alchimie spirituelle.

Alchimie spirituelle : définition simple

Définition : L’alchimie spirituelle est une pratique spéculative qui consiste à accomplir un chemin personnel de connaissance de soi et de purification intime, afin de renaître sous la forme d’un être nouveau, conscient et éveillé.

L’alchimiste est celui qui considère que la matière contient en elle, de manière cachée et amalgamée, la vraie lumière. La matière est donc à la fois ce qui porte la lumière, et ce qui lui fait ombre.

L’alchimie est une pratique mystique : le but final est l’union avec Dieu. Pour autant, ce n’est pas une religion. En réalité, l’alchimie spéculative emprunte à la fois à la science, à la philosophie, à la psychologie et à la religion au sens premier du terme (du latin religare, « relier »).

Le but est donc d’opérer une transmutation spirituelle : une conversion intime, un changement existentiel.

En quoi consiste cette conversion ? Il s’agit d’opérer un recentrage par rapport à soi-même et au cosmos. Le but est de retrouver notre vraie nature et d’accéder au divin en soi.

On part du principe que l’individu moyen vit dans un monde illusoire, fait de passions, de croyances, de préjugés et de fausses certitudes, dues en particulier à son orgueil. Cet homme croit être libre et autonome. Il croit détenir la vérité. Il est auto-centré.

Ces illusions sont dues à notre attachement aux choses (la matière) et à nous-même (notre corps, notre ego). L’alchimie consiste avant tout à faire le deuil de cette partie de nous qui fait écran à la partie universelle, illimitée et éternelle de notre être.

Retrouver l’homme originel en soi

Ce que nous venons de décrire rappelle fortement le récit de la Genèse : en croquant du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, Adam et Eve provoquent un grave décentrage. Leur tentative de se hisser au niveau de Dieu, et le fait qu’ils transgressent consciemment la loi divine les amène à connaître le malheur, la souffrance, la honte et la mort.

L’alchimie spirituelle consiste précisément à réparer ce péché originel, à retrouver notre état primordial innocent, spontané, heureux, tout en étant consciemment uni à Dieu. L’objectif est de trouver en soi la part divine et immortelle de notre être : telle pourrait être la définition de l’alchimie spirituelle.

Les caractéristiques de la pratique alchimique

L’alchimie spirituelle est une pratique :

  • occulte : en effet, elle a longtemps été secrète et impénétrable. Aujourd’hui, les traités alchimiques sont en vente libre, mais leur compréhension n’en est pas plus aisée,
  • ésotérique : traditionnellement réservé à des initiés, l’enseignement alchimique a tendance à se démocratiser ; mais les loges maçonniques et autres sociétés discrètes restent des lieux d’étude privilégiés,
  • symbolique : les symboles alchimiques forment un langage cohérent sur la base duquel la réflexion peut se faire,
  • adogmatique : la doctrine alchimique n’est que le point de départ de la démarche personnelle. Sur cette base, le cherchant devra tracer son propre chemin, sa propre méthode afin de s’unir à lui-même (son être véritable) et à ce qui le dépasse.

L’alchimie spirituelle n’est donc pas un enseignement stable ni complet, et encore moins dogmatique. Même accompagné d’un guide ou d’un maître, l’essentiel du travail reste à accomplir par soi-même. Il s’agit bien d’une quête, au sens le plus noble du terme.

L’alchimie spirituelle et la gnose

L’alchimie spirituelle peut être définie comme une pratique gnostique. La gnose vise à la connaissance directe des choses divines et des mystères de l’univers : son but est l’accès à la vérité et à la réalité.

Point essentiel, cette connaissance passe par la connaissance de soi-même, de sa nature profonde, de son potentiel, de ses défauts et de ses faiblesses, afin de découvrir, caché au plus profond de soi, un espace de vie et de Lumière.

Par ailleurs, l’alchimie spirituelle recoupe les principes de la mystique juive : la Kabbale. Cette tradition millénaire se fixe pour objectif d’accéder à de nouveaux niveaux de conscience par une modification de la perception des choses.

Comme dans l’alchimie, la Kabbale considère Dieu non pas comme une entité distincte et séparée du monde physique, mais comme une énergie présente en toute chose, y compris en l’homme. C’est donc cette part divine qu’il faut chercher.

L’arbre de vie kabbalistique décrit l’Adam Kadmon, l’être originel ou « être-monde » fait à l’image de Dieu, contenant en lui-même tout le programme de la création. Comprendre les Sephiroth qui composent l’arbre, c’est se comprendre soi-même, et en même temps, approcher Dieu.

Alchimie spirituelle et hermétisme : est-ce la même chose ?

L’hermétisme est la doctrine ésotérique qui se fonde sur les écrits d’Hermès Trismégiste, personnage mythique de l’Antiquité, considéré plus tard comme le fondateur de l’alchimie spirituelle. Parmi ces écrits, il y a en particulier le Corpus Hermeticum et les textes de la Table d’Émeraude.

Vers la fin de l’antiquité gréco-égyptienne, les grecs associent Hermès Trismégiste à Thot, dieu égyptien de la connaissance cachée. On lui attribue alors la plupart des textes ésotériques, dont l’interprétation fera l’objet de nombreuses spéculations et théories au cours des siècles, jusqu’à notre époque.

La tradition hermétique se diffuse autour de l’an mille dans le monde musulman avant de passer en occident. Le mot alchimie vient d’ailleurs de l’arabe al-kimiya, lui-même issu du du grec khumeia (« mixtion »).

A la fin du Moyen-Âge et à la Renaissance, l’alchimie se développe dans l’Europe chrétienne : le but est la transmutation des métaux, en particulier la transformation du plomb en or. Mais une alchimie spirituelle, spéculative, d’essence hermétique, faite d’ésotérisme juif et chrétien, continue à se transmettre, notamment à travers le rosicrucisme puis la franc-maçonnerie.

Au final, l’hermétisme recoupe largement l’alchimie spirituelle et sa définition : l’hermétisme est la doctrine occulte des alchimistes spéculatifs.

Remarque : dans le langage courant, hermétique signifie aujourd’hui « difficile à comprendre et à interpréter ».

L’Art Royal : une définition de l’alchimie spirituelle

L’Art Royal éclaire l’alchimie spirituelle et sa définition. Ce terme apparu au Moyen-Age désigne la pratique de l’alchimie dans sa dimension la plus noble, la plus spirituelle. Il évoque la réalisation du Grand Oeuvre, c’est-à-dire la “transmutation” finale de l’être.

En effet, plus qu’une science ou une doctrine philosophique, l’alchimie spirituelle peut être définie comme un art, car il s’agit avant tout d’une manière de penser et de vivre : une voie de sagesse. L’art comme l’alchimie touchent à l’intime : le chemin ne peut être que personnel.

L’alchimie spirituelle aujourd’hui

Aujourd’hui, l’alchimie spirituelle peut être pratiquée par le commun des mortels sur la base de ses propres lectures, réflexions et recherches. Elle est en particulier pratiquée par les franc-maçons de toutes obédiences, et de manière encore plus prégnante chez les franc-maçons de rite égyptien et hermétique (rites de Memphis et Misraïm).

« La Franc-Maçonnerie semble n’être qu’une transfiguration moderne de l’ancien Hermétisme. Le symbolisme maçonnique constitue, en effet, un étrange assemblage de traditions empruntées aux anciennes sciences initiatiques ». Oswald Wirth

De manière générale, l’alchimie recoupe de nombreuses pratiques spirituelles ou religieuses, mais aussi les sciences les plus modernes, par exemple la psychologie et la psychanalyse.

Principes de base de l’alchimie

Fondée sur l’unité du monde (Un-le-Tout), l’alchimie spirituelle considère le cosmos (et l’homme) comme le résultat des énergies divines (le Soleil et la Lune) qui se combinent à travers les quatre éléments : le Feu, l’Air, l’Eau et la Terre.

La triple nature de l’homme correspond à la célèbre triade alchimique Soufre, Mercure et Sel :

  • le Souffre est la combinaison de l’Air et du Feu solaire ; c’est l’esprit humain connecté au souffle divin, et à l’origine de toute chose,
  • le Mercure est la combinaison de l’Air et de l’Eau ; c’est l’âme humaine changeante, attirée aussi bien vers le bas (l’Eau) que vers le haut (l’Air),
  • le Sel est le combinaison de l’Eau et de la Terre ; c’est le Corps humain emprisonné dans la matière.

Cette triade humaine correspond aussi à la nature du cosmos tout entier.

Mourir pour renaître

Il y a dans l’alchimie spirituelle un fil conducteur essentiel : c’est le fait qu’il faut accepter de mourir pour renaître.

Cette mort symbolique consiste à abandonner la partie impure de soi-même, en particulier l’attachement à la matière. Ce détachement, délicat et douloureux, permettra d’entrer dans un nouvel état de conscience, plus pur et éveillé.

On compte trois principales étapes de cette transmutation :

  • l’œuvre au noir ou putréfaction de la matière,
  • l’œuvre au blanc : c’est la purification de la matière,
  • l’œuvre au rouge : c’est le Grand Oeuvre, le retour à l’unité.

Enfin, l’alchimie spirituelle considère le monde comme un Tout cohérent dont les parties se combinent en sympathie. Le génie de cette cosmologie réside dans la rencontre et la fusion des deux principes transcendance et immanence, symbolisée entre autres par le Sceau de Salomon.

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Modif. le 19 juin 2024

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