Adam Kadmon : qui est l’homme primordial dans la Kabbale ? Comment définir Adam Kadmon ? Quel sens profond ?
Adam Kadmon est, dans la Kabbale, l’homme cosmique primordial. En réalité, il ne s’agit pas d’un homme, il ne s’agit pas non plus de l’Adam de la Genèse, mais de la première manifestation divine.
Adam Kadmon est souvent représenté sous la forme d’un grand corps humain symbolisant le « corps cosmique » portant les Sephiroth de l’arbre de vie kabbalistique :
Rappelons que dans la Kabbale, l’arbre de vie se veut une représentation du cosmos sous la forme d’un diagramme permettant d’approcher la réalité.
L’arbre de vie Adam Kadmon est composé de différentes sphères ou Sephiroth qui décrivent le rapport du Principe à la manifestation. On parle des 10 stades de l’émanation ou des 10 attributs de Dieu, correspondant aussi à 10 niveaux de conscience décrivant notre rapport à Dieu.
L’analyse de l’arbre de vie permet d’accéder à la Connaissance, le but final étant l’union de l’être humain avec Dieu.
Entrons dans la définition et la signification profonde d’Adam Kadmon.
Adam Kadmon : qui est l’homme primordial ?
Avant la Création, Dieu est Ein Sof (littéralement « sans limite ») : il est l’infini, l’ineffable, le caché. Sa Lumière occupe tout, et rien n’existe de connaissable. En effet, comment pourrait-on percevoir quelque chose dans un monde qui ne serait que lumière ?
C’est alors que Dieu déclenche le Tsimtsoum : c’est le retrait de la lumière divine infinie pour laisser place à un monde vivable et perceptible. Dieu cache une partie de sa Lumière pour que nous puissions exister et percevoir. Autrement dit, il nous accorde une place, une chance de vivre, d’évoluer et de le retrouver. Dissimulé, Dieu demeure toutefois présent au sein du monde.
En réalité, après le Tsimtsoum, Dieu laisse encore passer un rayon de Lumière, rayon qui se convertit en 10 énergies représentées par les 10 sphères de l’arbre de vie séphirotique, soit autant de reflets perceptibles de la Lumière divine, à différents niveaux de perception et d’interprétation.
La première Sephira, Keter, est la plus proche de Dieu en tant qu’Ein Sof. La dernière Sephira, Malchut, est la plus éloignée de Dieu : c’est le monde physique, celui de la matière opaque.
Précisément, Adam Kadmon est constitué de toutes ces Sephiroth : il est le Tout, l’Etre cosmique créé par Dieu, reflet de Dieu et expression de ses manifestations.
Adam Kadmon est porteur de la Lumière divine, du code divin, de la Parole. Il est le programme de la Création. Il porte en lui les différentes dimensions exprimées par chacune des Sephirot :
- il est à la fois Esprit (Keter), âme (Yesod) et matière (Malchut),
- il est à la fois Rigueur et Miséricorde (les deux piliers de l’arbre de vie),
- il est à la fois Passion (Netzach) et Raison (Hod),
- on pourrait encore dire qu’il est à la fois le bas et le haut, la séparation et l’union, l’ombre et la lumière, le yin et le yang, etc.
Adam Kadmon constitue donc le corps cosmique qui contient « tout ».
Adam Kadmon peut-il être assimilé à Dieu ?
La nature d’Adam Kadmon est divine, mais Adam Kadmon n’est pas Dieu, pour la simple raison que Dieu est Ein Sof : l’Inconnaissable.
Mais si l’on associe la tête du corps céleste d’Adam Kadmon à la Sephira la plus élevée (Keter, la Couronne), le lien entre le fini et l’infini devient évident : Adam Kadmon est en contact direct avec Ein Sof.
Quoi qu’il en soit, Adam Kadmon peut être vu comme la personnification de Dieu, ou encore ce qui en Dieu peut être approché et connu à travers ses émanations séphirotiques, même si Dieu reste fondamentalement inconnaissable.
Parallèles symboliques
Adam Kadmon peut être associé à l’être humain, lequel a aussi un corps, une âme et un Esprit, ce dernier élément pouvant se trouver en contact avec Dieu. L’être humain est fait à l’image d’Adam Kadmon : il est un microcosme conforme au macrocosme. Cependant, l’être humain n’a pas les caractéristiques d’Adam Kadmon, car il n’est ni absolu ni éternel.
Adam Kadmon peut encore être associé au Logos, défini comme la Parole, la semence de Dieu. Selon le prologue de l’Evangile de Jean :
Au commencement était le Logos, et le Logos était avec Dieu, et le Logos était Dieu ;
Il était au commencement avec Dieu ;
Toutes choses ont été faites par lui, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans lui ;
En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes.
Enfin, Adam Kadmon peut être assimilé à l’arbre de vie de la Genèse : c’est l’arbre du centre, du recentrage, de la vérité, de la vie. Connaître Adam Kadmon, c’est connaître l’univers que Dieu habite, c’est se réconcilier avec toute chose, c’est vivre vraiment.
On peut encore voir en Adam Kadmon :
- la création de l’univers,
- la réalité ultime,
- le cosmos dans son caractère ordonné,
- le « Royaume »,
- l’homme accompli,
- l’Etre suprême,
- le Christ et la croix,
- le Tétragramme divin et notamment sa première lettre Yod (la main de Dieu qui sème),
- la volonté de Dieu,
- etc.
Conclusion
En dissociant Dieu et le cosmos, l’intention et la manifestation, la mystique juive instaure un dualisme contestable. De même, l’idée d’un processus de création du monde en plusieurs étapes est critiquable. Mais si l’on aborde ces enseignements sur le plan de la conscience humaine, ce dualisme nous aide à nous ouvrir à la réalité : il est un formidable outil de compréhension.
La Kabbale considère Dieu non seulement comme un être transcendant mais aussi comme un principe immanent présent en toute chose : tout est Dieu. Or prendre conscience que tout est Dieu, c’est rencontrer Adam Kadmon. C’est réaliser l’unité du Tout avec la Lumière infinie.
Mais pour parvenir à cette prise de conscience, il faut faire l’expérience de l’ombre et de la dissociation. Adam Kadmon ne peut être rencontré que dans l’expérience de la séparation qu’il contient en lui-même, préalable à la réconciliation et la compréhension.
Adam Kadmon est notre finalité, l’espoir de notre retour à Dieu. Il est l’Etre suprême qui nous porte et qui nous attend, il est notre demeure éternelle.
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Modif. le 2 mars 2025
